Par Patrick
A SUIVRE...
Par Patrick
A SUIVRE...
Dans ma vie de coureur, je m'étais fixé l'objectif de faire ce raid, malheureusement interrompu pour des raisons de sécurité pendant plusieurs années.
Arrivés au DESERT BLEU, un décor étonnant s'offre à nous : de gros blocs de rochers de couleur bleu turquoise au milieu de ce désert. Ils ont été peints par JEAN VERANE, artiste d'origine belge, avec l'autorisation du Président égyptien ANOUAR EL-SADATE.
Nous franchissons 2 cols où nous jouissons d'une vue panoramique exceptionnelle.
Des déserts brûlants
à la terre de glace
Par Patrick
Après avoir couru dans les plus grands déserts du monde avec des températures élevées, je souhaitais connaître l'inverse.
Pour mon 15e raid, j'ai choisi l'ISLANDE qui signifie "terre de glace". C'est une île de 318 000 habitants située au sud du Groenland. Son paysage est composé de 12 % de glaciers, 40 % de sable, 25 % de champs de lave, 20 % de pâturages, 3 % de lacs et seulement 1 % de terres cultivées.
C'est un pays à forte activité volcanique... partout des volcans enneigés dont certains sont désormais célèbres dans le monde depuis 2010.
C'est pour cela que j'ai choisi de participer à l'ICELAND RUNNING ADVENTURE RACE 2012.
Ca commence mal
Après une année 2011 exceptionnelle, j'ai effectué une préparation spécifique de 8 semaines pour cette nouvelle épreuve en 2 étapes de 54 et 58 km. Malheureusement, 10 jours avant la 1re étape, le samedi 25 février, une contracture au mollet gauche m'oblige à stopper brutalement mon entraînement. Pendant trois jours, je fais tout pour pouvoir reprendre ma préparation : glaçage, anti-inflammatoire, électro-stimulation, décontractant, arnica, CH9 et repos. Le mercredi 29 février, je fais un essai et le verdict est sans appel. Ce que je pressentais se produit: la douleur au mollet est toujours présente et m'oblige à arrêter au bout de 15 minutes de course.
J'explose mentalement. Tout ressort avec force, tristesse, état dépressif, rien ne va plus. J'appelle Franck VIANDIER, l'organisateur de la course, pour lui demander d'annuler ma participation. Il est en train de faire son jogging et m'indique qu'il me contactera le lendemain. Je vois mon medecin qui me confirme le diagnostic et je prends rendez-vous avec mon kiné le vendredi. Franck me rappelle et m’annonce qu'il est kiné. Il me demande d'essayer de participer à l'épreuve courte (28 km) en alternant course et marche avec un strapping. Voilà qui me réconforte et me regonfle le moral !
Au pied du volcan
Lundi 5 mars, après 3 heures 30 de vol, nous arrivons à Reykjavik. Transfert en car de 3 heures environ vers le sud de l'île au pied du volcan Eyjafjallajokull, dont l'éruption en avril 2010 a paralysé le monde et m'a bloqué à kathmandou pendant 6 jours (RAID LA NEPALAISE à lire par ailleurs sur rungreg ).
Le lendemain matin est consacré au contrôle et à la vérification du matériel obligatoire par Maxilène, co-organisatrice de l'épreuve : " sac à dos - polaire - coupe vent goretex, c'est bon, voici la lampe frontale OK... le portable, la couverture de survie, le briquet etc... On appose notre signature et c'est bon. Franck nous donne les points GPS qui matérialisent le parcours jusqu'à l'arrivée et m’en prête un. Il examine aussi ma contracture et m'indique que demain matin il me fera un strapping.
Après la sieste, l'après-midi nous partons à pieds à la découverte de notre nouvel environnement : fermes, rivières, ruisseaux et sommets du volcan enneigé. Il fait très froid avec un vent frais. Il y a beaucoup de poneys autour de nous. Ils vivent dehors et sont d'une résistance exceptionnelle compte tenu des températures extrêmes relevées à cette latitude.
La neige est annoncée
En fin d'après-midi, briefing de l'étape de demain.
Distance 54 km - la neige est annoncée en abondance, le balisage et les GPS devraient nous permettre de ne pas nous perdre. Les concurrents de l'étape courte - 28 km (je suis concerné) - partiront en même temps que ceux du long. Au 28e km, ravitaillement chaud et possibilité de se changer. Seule grosse inquiétude en ce qui me concerne, la traversée de rivières, vue la météo. Je l’ai déjà fait en Mongolie, mais la température extérieure était de + 35 degrés. Ici, les conditions ne sont pas les mêmes. Les températures sont négatives.
Le soir, on se retrouve tous ensemble, on parle de tout, de l'étape, de la neige, du vent. C'est très convivial. Il y a une super ambiance.
Le lendemain pas de surprise, la neige est là : 10 cm. Elle est épaisse et collante.
Après le petit déjeuner, Franck met mon strapping. Nous partons en 4x4 dans la grisaille et la neige.
Le lieu de départ est exceptionnel (à côté des chutes de HAIFOSS). C'est magique et idyllique.
L'ambiance est sereine. Après les photos, nous souhaitons que le départ soit rapidement donné car il fait un froid glacial. Le vent souffle et accentue la sensation de froid. A moins 10 degrés, avec un vent de 50 km/h, la température ressentie est de moins 20 degrés.
Avant le départ, Franck nous demande d'être vigilants, car nous allons devoir aller vers les chutes et prendre un chemin glissant derrière.
Une vraie patinoire !
Le départ est enfin donné. Nous partons tous à l'abordage pour nous réchauffer. Je pars derrière avec Jean-Luc. J'aperçois les premiers coureurs. Ils donnent l'impression de marcher sur des œufs. Nous prenons un escalier qui nous conduit derrière les chutes. C'est une vraie patinoire. Difficile de garder l'équilibre. Je reste très concentré car c'est très dangereux. D'un côté le vide et les chutes d'eau, de l'autre une paroi rocheuse verglacée à laquelle je m'agrippe. Mes chaussures de trail n'ont aucune accroche. Elles n'adhèrent pas au sol. La glace est lisse et brillante. J'avance lentement et sans paniquer. Parfois, je me mets à quatre pattes ou alors je m'accroupis et descends sur les fesses. Ce passage est l'un des plus périlleux que j'ai traversés.
Après cette première difficulté, je reste avec Jean-Luc, blessé comme moi, mais aux ischios. Nous décidons dans un premier temps de marcher très vite dans ce paysage blanc enneigé et balayé par un vent violent. La neige continue de tomber et bientôt de véritables bourrasques de grêle déferlent sur nous. C’est le déluge… "Bienvenue en islande". Nous prenons un chemin balisé à gauche. Nous traversons un petit pont, la rivière est déchainée.
Elle charrie de petits blocs de glace. Nous arrivons dans une impasse. La visibilité est quasi nulle. Impossible de discerner quoi que ce soit. La tempête continue. Elle nous empêche de progresser. Je repère un rocher. Je m'abrite derrière.
Le moral en prend un coup
Je commence à m'inquiéter. Des pensées négatives se bousculent. Jean-Luc me demande d'appeler Franck avec mon portable. A cet instant, je distingue les phares d’un 4x4 de l'autre côté de la rive. Nous revenons sur nos pas pour nous abriter dans le véhicule en attendant que la tempête se calme. Le moral en prend un coup car nous sommes à seulement deux heures de course. Dès le retour au calme, Jean-Luc et moi décidons de repartir en alternant course (pendant 5mn) et marche (4 mn) selon la méthode Cyrano. Nous avons en point de mire quatre concurrents : Daniel, Aurélia, Michael et Bertrand. Nous les rejoignons.
Nous traversons des pâtures enneigées. Nous slalomons en grimpant sur des touffes d'herbes pour éviter les nombreux trous. Nous sautons au-dessus de ruisseaux. Nous évitons les flaques d'eau pas complètement gelées. Parfois, la couche de glace est mince et craquète sous le poids du corps. Nous nous engageons pas trop franchement de peur de tomber. Dans cette partie, bien que je sois à mon aise je sens une légère douleur au mollet. Je suis euphorique (endorphine ?) et heureux de courir ce qui est miraculeux. Je songe à une idée folle : "pourquoi ne pas continuer après le 28e km". Je me lance en petites foulées et là, surprise, la course se passe bien, sans difficulté, avec du plaisir et sans fatigue.
Et l'improbable devint miraculeux
Nous arrivons au 28e km, lieu de ravitaillement. Je me retrouve au chaud. Maxillène, qui s'occupe du ravitaillement, me tend un gobelet de soupe chaude et un grand sandwich. Elle est vraiment d'une gentillesse et d'un réconfort qui jouent un rôle déterminant dans ma réflexion. J'hésite entre continuer ou arrêter. Je vais voir Allain, le médecin de la course, qui m'observe et me dit : "Patrick, si tu te sens bien, continue. Si jamais tu as un problème, on viendra te chercher avec les 4x4". C'est ainsi que j'ai décidé de continuer avec Michael, Aurelia et Bertrand. Ce qui était improbable la veille, devient miraculeux et réaliste.
Je repars avec mes compagnons. Je me sens bien de nouveau et laisse derrière moi mes douleurs. Je retrouve de bonnes sensations bien que je sois en-dessous de ma forme habituelle. Je ne sais pas comment mon corps va réagir dans la seconde partie. Quelques flocons de neige commencent à tomber et le froid m'envahit. Le vent soulève des bourrasques de neige. Je discute avec mes compagnons. Quel paradoxe !
Nous sommes loin de tout, coupés du monde avec des conditions météo très difficiles et pourtant courir est agréable. Certains paysages sont assez extraordinaires. Ils correspondent exactement à l’image que je m'en faisais. Nous suivons des chemins qui montent doucement en ligne droite le long de sapins. La neige est partout. C'est parfois de la poudreuse. Elle fait penser à du sable fuyant. Impossible donc de s'accrocher. A d'autres endroits, elle est épaisse, parfois tassée par le passage des 4x4 de l'organisation. L'accroche est bonne à condition de bien viser.
Visibilité réduite
Nous traversons des rivières imparfaitement gelées, ce qui rend délicat leur franchissement. Nous passons sans nous déchausser. Nous n'avons pas le choix. A cet instant, le sang quitte nos pieds. Une fois de l'autre côté, nous courons immédiatement pendant 20 minutes afin de faire revenir le sang et ainsi réchauffer nos pieds. Pendant ce temps, le vent ne faiblit pas, au contraire. Il fouette mon visage que j'ai du mal à protéger avec mon buff du MDS. La visibilité est réduite. Nous restons groupés et solidaires tous les quatre.
L'arrivée de cette première étape est proche. Nous terminons ensemble. La balade que nous avons faite au milieu des volcans enneigés était splendide et restera gravée dans nos mémoires. Dès notre arrivée, nous sommes immédiatement pris en charge. On nous achemine vers un hôtel confortable. Là, nous attendent un jacuzzi (eau chaude à 35 degrés à l'extérieur) et une bonne bière bien méritée. Le soir, au cours du repas, nous avons droit à un briefing sur l'étape du lendemain longue de 58 km.
A SUIVRE...
Par Patrick
Il n'y a pas de rivière à franchir mais un endroit magique s'offre à nous : la traversée d'un champ de lave sur 4 km avec en point de mire l'HEKLA. C'est le volcan le plus connu d'Islande. Culminant à 1491 m, il reste très actif. La dernière éruption date de 2000. On craint que la prochaine soit pour bientôt car il explose en moyenne tous les dix ans, causant à chaque fois de grands dégâts.
Le repas est très convivial. Nous chantons à tour de rôle des chansons paillardes et buvons quelques tonneaux de bière. Le repas est cependant classique pour des coureurs : pâtes bolognaises accompagnées bien sûr d'une excellente bière islandaise.
Après une nuit réparatrice et un petit déjeuner, Franck applique un strapping sur mon mollet puis nous partons en 4x4 vers le lieu de départ.
méthode cyrano
La méteo est parfaite, grand soleil, pas un souffle de vent. La neige brille de mille éclats, tel un diamant. Nous sommes tous prêts pour affronter cette deuxième étape de 58 km. Avec Jean-Luc, nous décidons d'adopter dès le départ la méthode Cyrano (courir 5 mn et marcher 5 mn). Nous partons en dernière position et remontons un à un les concurrents partis devant nous. Au 1er ravitaillement nous apercevons Daniel, 5e de l'étape à ce moment-là. Dès que nous repartons, je rejoins Daniel et pars seul. J'entre dans ma bulle habituelle pour me concentrer sur mes sensations, mon rythme et mon alimentation. J'avance à un rythme que je n'avais pas soutenu depuis longtemps. Pourtant, la douleur et la fatigue n'ont pas disparu. Elles sont là bien présentes, mais cachées et gardées dans un coin de ma tête.
Qu'est-ce-qui a changé depuis hier ? C'est la certitude de savoir que je vais y arriver. Je sais maintenant que je suis capable de terminer ce raid. Je réalise que la limite n'est pas dans mon corps ni dans mes jambes. C'est le mental, ma motivation et mon envie qui me permettent de continuer. Je découvre seul les immensités neigeuses, les étendues totalement vierges, blanches et sans aucune trace. Je m'engage avec l'impression religieuse d'être seul au monde. Le silence est complet hormis le bruit étouffé de ma foulée sur la neige.
tempête de neige
J'aborde le champ de lave et j'aperçois le volcan majestueux HEKLA. Le paysage apparaît dans toute sa splendeur mais le ciel commence à s'assombrir. Je rentre dans un véritable no man's land, où la possibilité de croiser quelqu'un est nulle. Ce passage est impressionnant et je ne réfléchis pas. J'avance au plus vite pour sortir de ce lieu. Je suis avec difficulté le balisage et la trace des premiers. Je m'enfonce parfois dans la neige jusqu'au-dessus du genou. Je négocie les déclivités et évite les trous remplis par la neige. A 1 km du second ravitaillement, une terrible tempête de neige changée en grêle s'abat sur moi. Je commence à me refroidir.
Les 4x4 sont en vue. Je me sens rassuré car le balisage est caché par la neige et j'ai beaucoup de mal à voir les traces de ceux qui me précèdent. Je prends un potage et me réchauffe les mains. J'ajoute une deuxième paire de gants et mets mon coupe vent en goretex.C'est un véritable déluge de neige et de grêle qui s'abat sur nous. Nous sommes à 23 km de l'arrivée. Je repars immédiatement. La neige est épaisse et on ne voit plus aucune trace de 4x4. Difficile de voir le balisage. Le vent glacial m'empêche de progresser.
Le doute, puis la délivrance
A cet instant, j'ai un moment de doute. Je n'arrive pas à imaginer le futur, l'arrivée. Je me demande ce que je fais là. Je ne rêve plus. Il n'y a que le vide dans ma tête. Le temps, la neige, le froid et le vent glacial qui cingle mon visage. J'ai envie de manger. Le soleil a disparu. Les kilomètres défilent lentement. Le rythme est de plus en plus lent. Je sais par expérience que ce type de période difficile passe toujours.
Virage à droite, j'emprunte une route enneigée mais roulante. Il n'y a plus de vent. Je repars avec une énergie que mes jambes ne sentaient plus. Le soleil réapparait. La fin de parcours est techniquement facile. Ce sont en grande partie de larges portions descendantes. Je suis surpris de constater que mes foulées se délient rapidement sans douleur. Je distingue l'arrivée. Je suis heureux d'atteindre mon objectif tellement improbable quelques jours auparavant.
Je suis accueilli par Franck et lui dit avec émotion : " MERCI, MERCI pour ce cadeau".
Le lendemain, nous partons faire un peu de tourisme.
Nous allons voir GULLFOSS, chutes d'eau impressionnantes hautes de 32 mètres plongeant dans une fissure très étroite et dégringolant par paliers. Avec la neige, l'endroit est féérique. Ce sont les plus belles chutes d'Islande. Elles tombent à pic dans une faille qui sépare la plaque américaine de la plaque asiatique.
Nous allons contempler des Geysers (sources d'eau chaude). L'eau, qui entre brutalement en ébullition, est projetée très haut par la poussée de la vapeur.
Nous découvrons BLUE LAGOON. Là, nous nous baignons dans une eau laiteuse à 36-39 degrés. C'est un décor extraordinaire planté au milieu d'un désert de lave.
Le dernier jour est consacré à la visite de REYKJAVIK, la capitale de l'Islande. La remise des prix est effectuée dans un endroit exceptionnel: restaurant panoramique situé au dernier étage et qui tourne lentement avec une vue nocturne imprenable sur la ville.
En conclusion
Ce fut une aventure humaine unique. Ce qui m'a marqué :
- La beauté des paysages.
- La dureté du terrain rendu difficile par les conditions extrêmes.
- La très bonne ambiance entre coureurs.
- Franck Viandier, organisateur de ce raid : un homme généreux et d'une grande gentillesse. Il m'a reboosté et je lui en suis très reconnaissant.
Cette épreuve m'a ramené à l'essentiel. C'est une aventure qui n'a rien de surhumain mais elle constitue une parabole, celle de la vie et de ses épreuves.
La qualité nécessaire pour réussir et surmonter ces difficultés se résume en une phrase de Mike Horn : "la victoire est là quand l'envie de réussir devient plus forte que de perdre".
Par Patrick
Deux fois plus petit que la France, le Laos possède des frontières avec la Chine, la Thailande, le Cambodge et le Vietnam.
ROAD LAO est un raid de 90 km de course à pied en 4 étapes. Cette épreuve s'est déroulée dans le nord du Laos, dans la région de Luang Prabang, du 19 au 30 novembre 2011.
Elle a été remportée par Dominique BORDET, 8e aux derniers championnats du monde du 100 km et champion du monde vétéran 1, devant René CHOUZY. Quant à moi, je termine 5e.
Au programme des concurrents : un parcours très diversifié : chemins, versants de montagne, jungle et forêt de bambous.
La région de Luang Prabang est située à 700 m d’altitude au confluent de la Nam kan et du Mékong. C'est un site privilégié entre les montagnes, classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
C’est aussi un port fluvial difficile d’accès, d'où son authenticité. Elle est le bastion du Bouddhisme. Les moines vétus de la robe de safran sont très nombreux. Ils occupent 32 des 66 temples. Une atmosphère mystique règne à Luang Prabang... L'endroit est paisible, le sentiment de tranquillité immuable.
Accrochées à flanc de montagne, de nombreuses maisons sont construites en bois et bambous sur pilotis.
Le Mékong traverse tout le Laos. Il prend sa source à plus de 4000 km de la mer. Il est le douzième fleuve au monde par sa longueur.
Conclusion
Le Laos est un beau pays où la richesse se mesure par la vertu de ses habitants.
Sourires spontanés, gentillesse et solidarité, insouciance et simplicité de vie les caractérisent. Des valeurs oubliées et disparues de notre société où règnent l'égoisme et l'égocentrisme.
Grandiose !
Par Patrick
Au retour de la Transacq, Serge Morel de NED m’appelle pour m’informer que les Chinois ont décidé de ne pas délivrer de visas aux étrangers souhaitant se rendre au Tibet. En conséquence, la transhimalayenne au Tibet est annulée. Il me propose de venir faire la TRANSMONGOLIE, un raid de 277 km en 10 étapes entre 1500 et 2500 m d’altitude, en juillet 2011. J’accepte immédiatement ce nouveau défi. La perspective d’aller en Mongolie (ce pays dont la superficie est trois fois celle de la France) et courir dans de grandes étendues m’ont toujours attiré...
Samedi 9 Juillet 2011
Aéroport Roissy CDG, départ vers Oulan Bator avec une escale à Berlin, je revois Dominique Bordet, vainqueur moral du défi chti 2010, injustement déchu par un organisateur peu scrupuleux !
Vainqueur de tous les raids à étapes auquel il a participé, Dominique a été sélectionné en équipe de France pour les championnats du monde des 100 km (11 septembre 2011 à Wischoten aux Pays-Bas) grâce à sa 2e place aux 100 km de Belvès.
Dimanche 10 juillet 2011
Bienvenue à Oulan Bator
Dès notre arrivée dans la capitale de la Mongolie, nous sommes saisis par le froid et observons des flaques d’eau sur le côté des pistes de l’aéroport. La température est de 8 degrés.
Nous partons nous installer dans le camp des yourtes pour nous reposer de ce long voyage. Les collines verdoyantes aux alentours sont arrosées d’une pluie fine.
Nous sommes trois dans la yourte et les tapis de sol sont humides et parfois trempés. Pendant que nous nous reposons, une personne vient allumer le poêle afin de réchauffer la yourte.
Après un repas frugal, nous partons vers la capitale pour changer notre argent et faire un peu de shopping. L’architecture des bâtiments reflète la période d’occupation soviétique : des blocs de béton rectangulaires non entretenus. L’infrastructure routière est quasi nulle. Seuls 3 % des routes mongoles sont goudronnés.
Le premier contact avec les Mongols est intéressant. Ils sont calmes, fiers et souriants.
Notre première nuit est agitée par le chant de quelques Mongols éméchés, l’aboiement des chiens et une personne qui coupe son bois à 2 heures du matin! Mais cela ne m’empêche pas de dormir. J’ai mes boules quies et je suis épuisé par le décalage horaire et le voyage.
Lundi 11 juillet 2011
Les jeux de Naadam
Petit déjeuner et départ pour les jeux de Naadam. Ce sont les jeux olympiques mongols avec 3 épreuves : la lutte, le tir à l’arc et les courses de chevaux.
Nous assistons à la cérémonie d’ouverture avec des milliers de figurants et des costumes très colorés.
L’après-midi,nous retournons vers nos yourtes pour suivre un mini jeu de Naadam. Les combats des lutteurs sont très spectaculaires et les athlètes impressionnants. Nous assistons à l’arrivée de la course des chevaux.
Mardi 12 juillet 2011
Direction le désert de Gobi
Visite matinale du monastère de GANDAN.
L’après-midi, nous embarquons dans un Foker qui nous emmène à 500 km dans le sud au cœur du désert de Gobi à DALANZADGAD qui se trouve à 300 km de la Chine.
Dès notre sortie de l’avion, nous sommes saisis par la chaleur sèche. De neuf degrés, nous passons à plus de 30 degrés. Le désert de Gobi recouvre un tiers de la Mongolie. Les conditions climatiques sont extrêmement rigoureuses. Les températures peuvent atteindre des amplitudes de 80 degrés (+ 40 l’été et – 40 l’hiver) avec des vents violents.
Heureusement, les yourtes sont confortables... un peu de réconfort avant avant la 1re étape.
Mercredi 13 juillet 2011
1re étape : DALANZAGDAD – YOLIIN AM – 22 KM D+ 860 m
Le profil de l’étape est en montée constante ce qui ne laisse aucun répit.
Les premiers kilomètres de ce raid sont pénibles. J’ai l’impression de courir dans une fournaise. Ma gorge brûle, impossible de respirer et de trouver un rythme régulier.
Dès le 1er ravitaillement au 7e km, je constate que tous les coureurs sont en difficulté ce qui me rassure sur mon état. Je termine 5e en 2 h17 avec des sensations de crampes sur les orteils, mais très satisfait car il faisait plus de 30 degrés tout au long du parcours.
Dominique BORDET gagne cette étape comme il gagnera les suivantes. Le futur vainqueur de la Transmongolie est déjà connu.
L’après-midi, nous allons dans les gorges Yoliin pour observer le glacier.
Jeudi 14 juillet 2011
2e étape : BAYAN DALI – Col de KHAVTSGATT 30 km D+ 220 m
Réveil très matinal et transfert de 66 km sous une forte chaleur. Non seulement l'air est irrespirable, mais nous sommes bien secoués à bord de véhicules de l’époque soviétique dans lesquels nous avons pris place.
Après 2 heures de transfert sur des pistes très difficiles, c'est le départ de la 2e étape. Au programme : 30 km dans le désert de Gobi. Dans les parties roulantes, le sol est constitué de cailloux et de rocailles qui prennent la forme de taules ondulées. Aucune végétation. La chaleur est étouffante : 35 degrés relevés au cours de l’étape.
Du 24e au 29e km, le col de KHAVTSGATT que je grimpe à la limite des crampes aux mollets et aux cuisses. Dans le dernier kilomètre en descente, je ralenti et reste prudent. Je termine 5e de cette étape et très éprouvé. De nombreuses défaillances, dues à un départ trop rapide et une hydratation insuffisante sont à signaler.
Avec Olaf, nous montons notre tente avec nos dernières forces pour notre premier bivouac.
Vendredi 15 juillet 2011
3e étape : Col de KHAVTSGATT – KHONGORIN – 32 KM
Etape difficile, toujours sous une chaleur écrasante de 35 degrés. Au menu : des cailloux («de la taule ondulée») et tout droit des kilomètres sans rien voir.
Pour tromper mon ennui, je décide de courir avec mon MP3. Seuls les 5 derniers km sont sablonneux et oh surprise sur la gauche j'aperçois les dunes de KHONGORYN. La vue est exceptionnelle. Je termine cette étape en 2h59 avec en prime deux nouvelles nuits en yourte.
Samedi 16 juillet 2011
4e étape : DUNES DE KHONGOR - 22 KM
Etape de dunes et de sable. J’ai amené mes guêtres afin que le sable ne pénètre pas dans mes chaussures. Le transfert vers le départ est court, nous terminons à pied le dernier km car les véhicules sont ensablés.
Dès le départ, nous parcourons trois km de sable très fin où l'on s’enfonce, puis nous tournons à droite pour 7 km de terrain difficile. Le 1er ravitaillement est au 10e km. Nous parcourons ensuite 7 km au cœur de dunes spectaculaires et sous une chaleur accablante de 47 degrés. Le sable est fin, le passage dans les crêtes grandiose. Quelle beauté du haut de ces dunes de 30 à 40 mètres de haut !
Je cherche les liserées et les ondulations. Je repère les couleurs pour trouver du sable dur, tout en essayant d'en déplacer le moins possible avec mes chaussures. A trois km de l’arrivée, une surprise m’attends la 1re traversée de rivières avec 2 cm d’eau, puis on aperçoit les yourtes et c’est l’arrivée. Je termine 4e en 2h11, content de ma prestation.
Je n’arrive pas à trouver le sommeil, impossible de dormir dans cette chaleur.
Dimanche 17 juillet 2011
5e étape : DULAAN BOGD – 28 KM D + 600 m
Après un transfert un transfert «kamikaze» de 54 km avec nos bolides, nous entamons une nouvelle étape de ligne droite dans le désert avec toujours cette chaleur éprouvante pour l’organisme. Je prend un départ prudent et décide de nouveau de courir avec mon MP3.
Au 14e km, un vent fort souffle de face. Nous traversons de petits colus sous une température de 35 degrés. Je finis en 3h08 et je reste 5e au général. Les six prochaines nuits seront en bivouac sous tentes.
Lundi 18 juillet 2011
6e étape : 28 km D+ 400 M – D – 400 M
Après deux nuits sans sommeil dans les yourtes, j'arrive enfin à bien dormir. Le matin, je me sens très bien.
Je prends la décision farfelue de faire un départ canon. Pendant 7 km, je cours à un rythme élevé à tel point que Fabien et Christian, mes poursuivants, sont effarés mais au 7e km, je fais une erreur de parcours pour me retrouver finalement 4e, seul face au vent avec un faux plat montant de 15 km. Au 22e km, au sommet du col, je décide de faire la descente à fond.
Je traverse un troupeau de chèvres puis un troupeau de chameaux. Je termine cette étape très heureux car je me suis fait plaisir.
A partir de cet instant nous quittons définitivement le désert de Gobi.
Mardi 19 juillet 2011
Liaison BOGD - ARKVAYKER
Journée de liaison de 210 KM. 7 heures de transfert sur des chemins difficiles dans des paysages alternant montagnes escarpées et désert plus plat en direction d’ARVAYKHER.
Nous installons notre bivouac à côté d’une petite rivière. Nous apercevons des troupeaux de yaks pour la première fois. La température est moins caniculaire.
Mercredi 20 juillet 2011
7e étape : 44 KM D+ 1000 m ARKVAYKER – KHAYRKHAN UUL
Dès le départ, je cours et reste avec Marie. L’étape est magique avec des traversées d’herbages. Nous courons près de yourtes et au milieu de troupeaux de chevaux. Nous apercevons des yaks et des rapaces.
Nous traversons plusieurs rivières mais nous gardons nos chaussures à nos pieds. Elles sèchent très rapidement compte tenu de la chaleur (30 degrés). Les 5 derniers km, en montée constante, sont pénibles. Je termine en 4h17.
Nous sommes à 2100 m d’altitude entourés de sapins et de collines. Le soir il fait frais alors je mets des collants chaud et j'enfile ma polaire.
Jeudi 21 juillet 2011
8e étape : 26 KM BAYAN GUI – CHUTES D’ORKHON
Lever dans le froid matinal. 1 heure de transfert vers le départ sur une route très accidentée de 18 km. Le parcours vers les chutes d’ORKHON est magnifique.
Nous traversons des vallées verdoyantes hébergeant de nombreux nomades et troupeaux. C’est le paradis. A ce moment-là, je souhaiterais être réincarné en Yak ou en cheval.
Puis c'est le départ de la course. Un départ trop rapide du groupe de tête. Je préfère laisser filer quatre coureurs car nous avons les 44 km de la veille dans les jambes. Je perds immédiatement 200 à 400 m.
Dès le 9e km, je décide de ne plus perdre de terrain. Et après le 2e ravito, je reviens sur Marie puis Eddy à 5 km de l’arrivée. A 3 km de l’arrivée, j’ai Fabien en point de mire et je termine à ses basques 4e en 2h15.
L'après-midi : balade au bord des chutes d’Orkhon. Tout en haut il y a un Ovoo. C’est un empilement de cailloux surmonté de ruban bleu. Il s’agit d’offrandes aux esprits. Implanté sur un endroit sacré. Il faut toujours le contourner dans le sens des aiguilles d’une montre.
(SUITE ET FIN DU RECIT DE PATRICK EN PAGE 2
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Vendredi 22 juillet 2011
9e étape : 25 km. KUHRJIRT
Parcours plat jusqu’au 18e km puis 5 km avec 120 m de D+, les 2 derniers km en descente.
Nous partons avec le vent dans le dos et un léger crachin qui se transformera en pluie dans les 7 derniers km.
Je fais l’étape avec Marie pendant les 18 premiers km. Dès que je vois Eddy revenir sur nous, je décide d’accélérer l’allure. Je termine finalement 4e en 2h15.
Avec Olaf, nous montons notre tente sous la pluie et dans le froid.
Dans l’après-midi certains iront pêcher.
Samedi 23 juillet 2011
10e et dernière étape : 19,5 km D+ 600 m D- 600 M KARAKORUM
Après 2 heures de transfert, pour la dernière étape je cours avec Eddy qui me précède au classement. Nous terminons sagement cette dernière sans prendre de risque inutile.
Dominique BORDET gagne la Transmongolie.
Je termine 5e de ce raid très éprouvant de par sa rusticité et des conditions météorologiques inhabituelles (grande amplitude thermique) pour un coureur continental.
L’après-midi : remise des récompenses et concert mongol.
Dimanche 24 juillet 2011
A Karakorum, l’ancienne capitale de Gengis Khan, nous visitons le monastère d’ERDENE ZUU.
Merci à Cathy et Serge d’avoir su organiser ce raid merveilleux.
Remerciements à NED
http://www.natureextremedeveloppement.com/
La Transmongolie 2011 - Classement : course à pied
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