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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 20:29

             

Des déserts brûlants

à la terre de glace

 

 

ICELAND RAID 2012 037RET

 

  

Par Patrick



   

Après avoir couru dans les plus grands déserts du monde avec des températures élevées, je souhaitais connaître l'inverse.

Pour mon 15e raid, j'ai choisi l'ISLANDE qui signifie "terre de glace". C'est une île de 318 000 habitants située au sud du Groenland. Son paysage est composé de 12 % de glaciers, 40 % de sable, 25 % de champs de lave, 20 % de pâturages, 3 % de lacs et seulement 1 % de terres cultivées.

C'est un pays à forte activité volcanique... partout des volcans enneigés dont certains sont désormais célèbres dans le monde depuis 2010.

C'est pour cela que j'ai choisi de participer à l'ICELAND RUNNING ADVENTURE RACE 2012.

 

 

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Ca commence mal

 

 

 

Après une année 2011 exceptionnelle, j'ai effectué une préparation spécifique de 8 semaines pour cette nouvelle épreuve en 2 étapes de 54 et 58 km. Malheureusement, 10 jours avant la 1re étape, le samedi 25 février, une contracture au mollet gauche m'oblige à stopper brutalement mon entraînement. Pendant trois jours, je fais tout pour pouvoir reprendre ma préparation : glaçage, anti-inflammatoire, électro-stimulation, décontractant, arnica, CH9 et repos. Le mercredi 29 février, je fais un essai et le verdict est sans appel. Ce que je pressentais se produit: la douleur au mollet est toujours présente et m'oblige à arrêter au bout de 15 minutes de course.

 

J'explose mentalement. Tout ressort avec force, tristesse, état dépressif, rien ne va plus. J'appelle Franck VIANDIER, l'organisateur de la course, pour lui demander d'annuler ma participation. Il est en train de faire son jogging et m'indique qu'il me contactera le lendemain. Je vois mon medecin qui me confirme le diagnostic et je prends rendez-vous avec mon kiné le vendredi. Franck me rappelle et m’annonce qu'il est kiné. Il me demande d'essayer de participer à l'épreuve courte (28 km) en alternant course et marche avec un strapping. Voilà qui me réconforte et me regonfle le moral !

 

 

 

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Au pied du volcan

 

 

 

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Lundi 5 mars, après 3 heures 30 de vol, nous arrivons à Reykjavik. Transfert en car de 3 heures environ vers le sud de l'île au pied du volcan Eyjafjallajokull, dont l'éruption en avril 2010 a paralysé le monde et m'a bloqué à kathmandou pendant 6 jours (RAID LA NEPALAISE à lire par ailleurs sur rungreg ).

 

Le lendemain matin est consacré au contrôle et à la vérification du matériel obligatoire par Maxilène, co-organisatrice de l'épreuve : " sac à dos - polaire - coupe vent goretex, c'est bon, voici la lampe frontale OK... le portable, la couverture de survie, le briquet etc... On appose notre signature et c'est bon. Franck nous donne les points GPS qui matérialisent le parcours jusqu'à l'arrivée et m’en prête un. Il examine aussi ma contracture et m'indique que demain matin il me fera un strapping.

 

 

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Après la sieste, l'après-midi nous partons à pieds à la découverte de notre nouvel environnement : fermes, rivières, ruisseaux et sommets du volcan enneigé. Il fait très froid avec un vent frais. Il y a beaucoup de poneys autour de nous. Ils vivent dehors et sont d'une résistance exceptionnelle compte tenu des températures extrêmes relevées à cette latitude.

 

 

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La neige est annoncée

 

 

En fin d'après-midi, briefing de l'étape de demain.

 

Distance 54 km - la neige est annoncée en abondance, le balisage et les GPS devraient nous permettre de ne pas nous perdre. Les concurrents de l'étape courte - 28 km (je suis concerné) - partiront en même temps que ceux du long. Au 28e km, ravitaillement chaud et possibilité de se changer. Seule grosse inquiétude en ce qui me concerne, la traversée de rivières, vue la météo. Je l’ai déjà fait en Mongolie, mais la température extérieure était de + 35 degrés. Ici, les conditions ne sont pas les mêmes. Les températures sont négatives.

Le soir, on se retrouve tous ensemble, on parle de tout, de l'étape, de la neige, du vent. C'est très convivial. Il y a une super ambiance.

 

Le lendemain pas de surprise, la neige est là : 10 cm. Elle est épaisse et collante.

Après le petit déjeuner, Franck met mon strapping. Nous partons en 4x4 dans la grisaille et la neige.

Le lieu de départ est exceptionnel (à côté des chutes de HAIFOSS). C'est magique et idyllique.

 

 

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L'ambiance est sereine. Après les photos, nous souhaitons que le départ soit rapidement donné car il fait un froid glacial. Le vent souffle et accentue la sensation de froid. A moins 10 degrés, avec un vent de 50 km/h, la température ressentie est de moins 20 degrés.

Avant le départ, Franck nous demande d'être vigilants, car nous allons devoir aller vers les chutes et prendre un chemin glissant derrière.

  

 

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Une vraie patinoire !

 

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Le départ est enfin donné. Nous partons tous à l'abordage pour nous réchauffer. Je pars derrière avec Jean-Luc. J'aperçois les premiers coureurs. Ils donnent l'impression de marcher sur des œufs. Nous prenons un escalier qui nous conduit derrière les chutes. C'est une vraie patinoire. Difficile de garder l'équilibre. Je reste très concentré car c'est très dangereux. D'un côté le vide et les chutes d'eau, de l'autre une paroi rocheuse verglacée à laquelle je m'agrippe. Mes chaussures de trail n'ont aucune accroche. Elles n'adhèrent pas au sol. La glace est lisse et brillante. J'avance lentement et sans paniquer. Parfois, je me mets à quatre pattes ou alors je m'accroupis et descends sur les fesses. Ce passage est l'un des plus périlleux que j'ai traversés.

 

Après cette première difficulté, je reste avec Jean-Luc, blessé comme moi, mais aux ischios. Nous décidons dans un premier temps de marcher très vite dans ce paysage blanc enneigé et balayé par un vent violent. La neige continue de tomber et bientôt de véritables bourrasques de grêle déferlent sur nous. C’est le déluge… "Bienvenue en islande". Nous prenons un chemin balisé à gauche. Nous traversons un petit pont, la rivière est déchainée.

     

Elle charrie de petits blocs de glace. Nous arrivons dans une impasse. La visibilité est quasi nulle. Impossible de discerner quoi que ce soit. La tempête continue. Elle nous empêche de progresser. Je repère un rocher. Je m'abrite derrière.

 

 

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Le moral en prend un coup

 

 

Je commence à m'inquiéter. Des pensées négatives se bousculent. Jean-Luc me demande d'appeler Franck avec mon portable. A cet instant, je distingue les phares d’un 4x4 de l'autre côté de la rive. Nous revenons sur nos pas pour nous abriter dans le véhicule en attendant que la tempête se calme. Le moral en prend un coup car nous sommes à seulement deux heures de course. Dès le retour au calme, Jean-Luc et moi décidons de repartir en alternant course (pendant 5mn) et marche (4 mn) selon la méthode Cyrano. Nous avons en point de mire quatre concurrents : Daniel, Aurélia, Michael et Bertrand. Nous les rejoignons.

 

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Nous traversons des pâtures enneigées. Nous slalomons en grimpant sur des touffes d'herbes pour éviter les nombreux trous. Nous sautons au-dessus de ruisseaux. Nous évitons les flaques d'eau pas complètement gelées. Parfois, la couche de glace est mince et craquète sous le poids du corps. Nous nous engageons pas trop franchement de peur de tomber. Dans cette partie, bien que je sois à mon aise je sens une légère douleur au mollet. Je suis euphorique (endorphine ?) et heureux de courir ce qui est miraculeux. Je songe à une idée folle : "pourquoi ne pas continuer après le 28e km". Je me lance en petites foulées et là, surprise, la course se passe bien, sans difficulté, avec du plaisir et sans fatigue.

 

 

 

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Et l'improbable devint miraculeux

 

 

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Nous arrivons au 28e km, lieu de ravitaillement. Je me retrouve au chaud. Maxillène, qui s'occupe du ravitaillement, me tend un gobelet de soupe chaude et un grand sandwich. Elle est vraiment d'une gentillesse et d'un réconfort qui jouent un rôle déterminant dans ma réflexion. J'hésite entre continuer ou arrêter. Je vais voir Allain, le médecin de la course, qui m'observe et me dit : "Patrick, si tu te sens bien, continue. Si jamais tu as un problème, on viendra te chercher avec les 4x4". C'est ainsi que j'ai décidé de continuer avec Michael, Aurelia et Bertrand. Ce qui était improbable la veille, devient miraculeux et réaliste.

 

Je repars avec mes compagnons. Je me sens bien de nouveau et laisse derrière moi mes douleurs. Je retrouve de bonnes sensations bien que je sois en-dessous de ma forme habituelle. Je ne sais pas comment mon corps va réagir dans la seconde partie. Quelques flocons de neige commencent à tomber et le froid m'envahit. Le vent soulève des bourrasques de neige. Je discute avec mes compagnons. Quel paradoxe !

 

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Nous sommes loin de tout, coupés du monde avec des conditions météo très difficiles et pourtant courir est agréable. Certains paysages sont assez extraordinaires. Ils correspondent exactement à l’image que je m'en faisais. Nous suivons des chemins qui montent doucement en ligne droite le long de sapins. La neige est partout. C'est parfois de la poudreuse. Elle fait penser à du sable fuyant. Impossible donc de s'accrocher. A d'autres endroits, elle est épaisse, parfois tassée par le passage des 4x4 de l'organisation. L'accroche est bonne à condition de bien viser.

 

 

 

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Visibilité réduite

 

 

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Nous traversons des rivières imparfaitement gelées, ce qui rend délicat leur franchissement. Nous passons sans nous déchausser. Nous n'avons pas le choix. A cet instant, le sang quitte nos pieds. Une fois de l'autre côté, nous courons immédiatement pendant 20 minutes afin de faire revenir le sang et ainsi réchauffer nos pieds. Pendant ce temps, le vent ne faiblit pas, au contraire. Il fouette mon visage que j'ai du mal à protéger avec mon buff du MDS. La visibilité est réduite. Nous restons groupés et solidaires tous les quatre.

 

 

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L'arrivée de cette première étape est proche. Nous terminons ensemble. La balade que nous avons faite au milieu des volcans enneigés était splendide et restera gravée dans nos mémoires. Dès notre arrivée, nous sommes immédiatement pris en charge. On nous achemine vers un hôtel confortable. Là, nous attendent un jacuzzi (eau chaude à 35 degrés à l'extérieur) et une bonne bière bien méritée. Le soir, au cours du repas, nous avons droit à un briefing sur l'étape du lendemain longue de 58 km.

 

 

A SUIVRE...

 

 

 

 

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Par Patrick

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