Un record au goût amer
Avec un temps de 3h37’51 le 15 octobre 2006 à Amsterdam, j’ai, certes, battu mon record personnel sur marathon mais je n’ai pas atteint mon objectif personnel. Et de loin, puisque je voulais faire moins de 3h30. On apprend souvent à ses dépens et il est désormais clair pour moi qu’on ne court pas un semi à fond (180 pulsations de moyenne !) à trois semaines d’un marathon. Auparavant, j’avais battu à plusieurs reprises mon record sur semi dans le cadre d’une préparation marathon, mais ce semi avait lieu 5 semaines plus tôt (c’est apparemment suffisant pour récupérer).
Dimanche 15 octobre 2006, 10h30, stade olympique d’Amsterdam. Il fait gris et froid (9 degrés seulement) mais il y a toujours cette montée d’adrénaline en moi au moment du départ. C’est la magie du marathon qui parle. C’est parti pour 42 km 195 de bonheur et de souffrance.
Le début du parcours est très roulant mais la route étroite. Tellement étroite que je n’arrive pas à me ravitailler au 3e km. C’est la cohue, alors je continue... pas vraiment une bonne idée… Et en plus j’ai envie de faire pipi. Le prochain ravitaillement est au 10e. Celui-là je ne le rate pas. Je tiens les temps à 2 secondes près. La pause pipi ce sera au 15e km. Je prend mon temps, un peu trop peut-être… 50 secondes à rattraper sur mon objectif. A partir de là, je gagne deux ou trois secondes par kilomètre mais jamais complètement le retard accumulé.
Pire encore je commence à perdre un peu de temps. Le flot des coureurs longe l’Amstel au sud d’Amsterdam. Les encouragements des spectateurs donnent chaud au coeur mais la remontée du canal vers la ville est difficile car il y a du vent. Finalement je passe au semi en 1h45’27. Les sensations sont moyennes. Je sais déjà que la 2e partie sera dure.
Début des premières douleurs. Au mollet droit, pourtant inhabituel chez moi, mais rien d’alarmant pour l’instant. C’est plutôt le moral qui en prend un coup car je sais que je ne pourrai combler mon retard. Adieu les 3h29, bonjour la souffrance. Passé l’Amstel, un peu plus à l’abri du vent, je retrouve pourtant quelques forces et revient à une allure correcte de 4’58 au km ... jusqu’au 30e km.
Obligé de ralentir
D’un seul coup, je sens la douleur envahir mes deux jambes. Obligé de ralentir. Au ravitaillement suivant, je prends largement mon temps. La fin du parcours est piégeuse avec davantage de faux plats que dans la première partie du marathon. Ca casse bien quand on est déjà marqué par la course. Au 37e, je marche même sur 30 m. Il ne reste plus qu’à s’accrocher pour sauver les meubles : au moins battre mon record personnel (3h39’59).
Dans le Vondelpark, là-même où j’ai réalisé mon dernier entraînement avant la course, je lutte, je puise au fond de mon corps. Je visualise les personnes qui sont pour moi exemplaires. Et là, je ne peux plus m’arrêter, même si je ne suis plus qu’à une vitesse de 6’00 au kilo ! Bientôt l’arrivée. Les clameurs des spectateurs gagnent en intensité. Je reconnais l’Amstelveenseweg, la grande avenue qui mène au stade. Puis le stade. Là où Johan Cruijff et l’Ajax ont connu leurs heures de gloire au début des années 70.
Avant d’entrer dans l’enceinte, je vois face à moi les anneaux olympiques et la devise des Jeux. Des symboles qui me parlent. Obliger de tout donner… malgré la souffrance. Je termine au sprint devant un autre concurrent qui s’était pris au jeu. La ligne franchie on se sert la main. Un coureur me félicite, je fais de même. Tout est là : la fraternité… le record : 3h37’51… la médaille… mais aussi la désillusion de ne pas avoir atteint mon objectif. Courir un marathon sera à chaque fois et toujours quelquechose de spécial pour moi. La distance de l’épreuve impose l’humilité. Je serai plus sage la prochaine fois.
Transis de froid je quitte donc le stade olympique avec une seule envie : aller me réchauffer et surtout boire une bonne bière… amère bien sûr.
Amsterdam Pratique
Transport : le meilleur moyen de transport reste le tramway. Contrairement au métro, il permet de visiter la ville et de repérer les endroits sympas.
Petite astuce : on peut bénéficier de tarifs préférentiels pour les transports en commun (tram, métro et bus) sur présentation de sa confirmation d’inscription au marathon à un bureau situé à l’entrée du Sporthallen Zuid (ex : 8 euros au lieu 10 euros pour 48h, 10 euros au lieu de 13 euros pour 72h).
Exemples de restaurants italiens dans le centre :
- Pisa (Lange Leidsedwarsstraat 17). Cuisine correcte, serveurs sympas.
- La Bettola (sur Nieuwezijds Voorburgwal). L’un des moins chers. Cuisine modeste mais correcte.
Les + du marathon :
- la rapidité du parcours
- l’arrivée dans un stade olympique (comme à Athènes)
- les écrans géants placés dans le stade pour le public
- la serviabilité du personnel de l’organisation même s’il n’est pas toujours bien informé
- la qualité du site internet et les photos des coureurs téléchargeables gratuitement 48h après l'épreuve sur le site www.startpagina.nl/marathon
- une nouveauté en 2006 : la course du petit déjeuner le samedi matin. Environ 5 km entre 9h et 11h
- la ville et ses canaux (très agréable à visiter). Pourquoi pas un dernier entraînement avant le marathon dans le Vondelpark où l’on peut encore voir des hérons et des canards.
Les – du marathon :
- il n’y a pas la foule des grands marathons
- les imperfections de l’organisation comme le ravitaillement au 3e km (route trop étroite), le hall où se changent les coureurs devenu trop exigu (marathon + semi + 10 km : 22 000 coureurs. Un record. Il y avait 19 000 participants en 2005).
- la Pasta Party : le cadre (Sporthallen Zuid) et l’ambiance ne sont pas très funs. Pas de ballons ni de musique…
A Boston et New York, c’est autre chose… Dommage.
Restauration : il y a ce qu’il faut en matière de restaurants italiens. De nombreux restaurants chinois et asiatiques dans le quartier rouge.
Hébergement : hôtel Nova 276 Nieuwezijds Voorburgwal. Bien situé. Près de la place Dam et à 20 mn à pied des musées (Rijksmuseum, Van Gogh museum). Pour aller chercher le dossard au Sporthallen Zuid et pour se rendre au départ le jour de la course, prendre le Tram n°16 à l’arrêt Spui sur l’avenue Rokin. Il y en a environ tous les quarts d’heure le dimanche.