Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Presentation

  • : rungreg
  • : COURSE A PIED : INFOS PRATIQUES, PHOTOS, TEMOIGNAGES, CROSS, RAIDS, ULTRA, MARATHONS, SEMI-MARATHONS, 10 KM...
  • Contact

BIENTOT EN LIGNE

Archives

11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 14:10

Inespéré

 

 

 Upgrade your email with 1000's of emoticon icons   Par Greg  Arriv--e-Amsterdam-d--tour--2-copie-1.JPG
 

 

Toujours blessé au pied gauche un an et demi après mon dernier marathon (à Amsterdam), c’est avec un grand soulagement que j’ai bouclé celui de Vienne le 27 avril 2008.

Après une saison cross hivernale négociée sans véritable problème, je m’étais inscrit à cette épreuve. Mais après un mois de préparation, à raison de cinq entraînements par semaine (65 à 70 km), mon pied n’a pas tenu le choc. J’ai ainsi dû oublier mon programme classique et composer des entraînements à base de vélo, natation et course à pied (maximum 50’). Plusieurs séances chez l’étiopathe et de nombreux exercices de renforcement des lombaires n’ont pas suffi à me soulager.

En dernier recours, à deux semaines du marathon, je suis allé voir une podologue qui m’a fabriqué des semelles (afin de soulager les appuis sur le sésamoïde) et deux jours avant la course, une animatrice du marathon expo m’a collé une bande en titane sous le pied.




S’est ensuite posée la question de prendre ou non le départ. Finalement, je me suis décidé la veille du marathon mais en estimant que j’avais de grandes « chances » d’abandonner. Pensant ne pas finir, je n’ai pas laissé de vêtements à récupérer dans les camions à l’arrivée. En revanche pendant la course, j’avais sur moi ma carte de transport et un plan des stations de métro à proximité du parcours.

 

Bien petit

  

En arrivant devant les bâtiments des Nations Unies, lieu du départ, et sous un beau soleil, je me sentais bien petit à côté des autres coureurs. 42 km 195, la distance impose toujours le respect mais plus encore ce jour-là, je pensais à tous ces hommes et toutes ces femmes qui allaient la parcourir. Pour moi, qui battait régulièrement mon record sur cette distance, c’est comme si le chrono était arrêté.



 

Le départ (à 9h) sous un beau soleil, suivi de la traversée du pont qui enjambe le Danube, a été magnifique. Dès le premier km, je suis constamment à l’écoute de mon corps. Je suis prêt psychologiquement à abandonner si soudainement une forte douleur apparaît mais prêt aussi à continuer tant que je peux. Je veux rester fort mentalement alors je me force dès le début à ne penser qu’au kilomètre suivant en imaginant, entre chaque panneau, le temps qui se sera écoulé depuis le départ. Je cours au cardio, au début de la résistance douce (80% de ma FCM), à une moyenne de 10 km/h. Les kilomètres défilent : 5ème… 10ème 15ème… Au 19ème, j’aperçois ma mère dans le public, venue spécialement à Vienne avec nous pour nous voir courir le marathon. Je m’arrête pour l’embrasser et repars.

 

Je veux savoir

 

Je ne suis pas très frais mais je préfère ne rien lui dire pour ne pas l’inquiéter. Alors, je prends mon temps à chaque ravitaillement. Je trempe ma casquette dans les bassines d’eau et bois plus que sur les précédents marathons car c’est pour moi la journée la plus chaude depuis le début de l’année. Au 21ème km, je vois les concurrents du semi partir sur la droite pour aller franchir la ligne d’arrivée. Pendant un instant, je me demande s’il ne serait pas plus raisonnable de les suivre et d’en finir. Et puis finalement je me dis qu’il faut continuer. Je veux savoir… savoir si ce marathon de Vienne sera ou non mon dernier marathon.


Arrivé au 25ème km, déjà les premières douleurs apparaissent mais c’est aux jambes que j’ai mal, pas au pied ! Outre ma blessure, moins d’étirements et de kilomètres dans ma préparation ainsi qu’un poids corporel plus élevé (68 au lieu de 64 kg) en sont peut-être la raison.

 

Un peu plus loin, je rejoins Jean-Michel, un autre coureur du groupe Thomas Cook, avec qui je pense continuer l’aventure mais il me dit qu’il va ralentir pour ne pas finir trop cassé. Alors j’avance. Seul. Pas moyen de m’accrocher à un autre concurrent. Je dépasse et on me dépasse. Les douleurs s’amplifient. Je commence à avoir mal au pied. Durant les dix km suivants je croise des coureurs venant en sens inverse : ceux qui finiront entre 3h15 et 4h15. On dit souvent que cette expérience est difficile à vivre. Pour ma part, j’ai passé mon temps à observer ce flot incessant avec l’espoir de voir ma femme, très en avance sur moi. Finalement, je la croise au 32ème km (elle est déjà dans le 35ème). Je lui lance quelques mots d’encouragement mais tout se passe très vite. Elle ne m’a peut-être pas entendu.

 

Finir… quitte à marcher

 

Je me reconcentre très vite sur ma course. L’idée d'abandonner disparaît peu à peu, quitte à marcher… si possible pas avant le 37ème km.  Il fait de plus en plus chaud, alors je m’asperge d’eau à chaque occasion. Je cours toujours… jusqu’au 41ème km où je décide de faire de la marche rapide pendant une cinquantaine de mètres afin d’éliminer suffisamment d’acide lactique pour garder des forces pour la fin. Je veux et je vais terminer, mais j’en veux plus. Je veux me faire un petit plaisir, finir avec la manière, au sprint, comme dans tous mes marathons.



Alors, sur les deux cents mètres qui précèdent l’arrivée, tout près du Parlement, je me sens des ailes, comme à Athènes en 2005. J’accélère sur le joli tapis vert disposé sur Heldenplatz avec une pensée secrète, plus une autre pour ma femme et ma mère. Je franchis la ligne en 4h18, bien loin de mon record et pourtant je suis heureux. Heureux d’avoir pu courir. Heureux d’avoir été jusqu’au bout car c’était vraiment inespéré. Je ne verrai plus le marathon de la même façon.

Partager cet article
Repost0

commentaires

W
<br /> <br /> Hello, Je cherchais des infos sur le marathon des sables qui vient petit a petit se faire une place dans mes reves, tendant vers le realisable, et je suis tombée sur un forum ou tu presentais ton<br /> site.<br /> <br /> <br /> Tu fais de tres beaux recits ! Jaime bien celui là, mais il manque un peu en longueur, moi jadore les details, et cest agreable de te lire, tu ne fais aucune faute et tu composes des belles<br /> phrases.<br /> <br /> <br /> Joli la pensée secrete a la fin.. ca donne envie de savoir ce que cest.<br /> <br /> <br /> Bravo pour tous tes exploits dont je suis loin d'avoir fait le tour.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
G
J'ai l'impression d'être sur une autre planète !Bravo pour ces exploits sportifs ! je suis bluffée !
Répondre
S
Bravo Greg ! C'est courageux d'avoir réussi à finir ce marathon au mental. Bonne continuation à tous les deux !
Répondre